TABLE
OUVERTE SUR
Bertrand
DU GUESCLIN
(1320 - 1380)
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Tablée n° 25
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Thème
lancé par Jacky Minier
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INTRO
Un
obscur petit baron breton nous est présenté par
les manuels scolaires comme un grand militaire ayant eu de la
promotion à cause de ses hauts faits de guerre. Le Roi
l'a nommé Connétable (1370), le plus haut grade
militaire correspondant à Général en chef
des Armées de l'époque. Ce n'est pas rien... Puis,
la politique a repris la place. On a renvoyé le Connétable
dans ses foyers bretons et démobilisé les hommes
de troupe. Ce sont eux qui, désoeuvrés, vont constituer
les trop fameuses bandes armées qu'on appelle les "Grandes
Compagnies" et qu'on nous présente comme des soudards
et des brigands qui pillaient les campagnes de France, attaquant
châteaux et domaines seigneuriaux.
Comme
notre Connétable de Bertrand s'ennuyait ferme en Bretagne,
et que les grandes compagnies dérangeaient le paysage politique,
on eut l'idée de demander à Du Guesclin de les chasser
du pays. Ce qu'il s'empressa de faire, mais bizarrement, pas du
tout de la manière brutale qu'on lui attribue un peu facilement.
Il négocia avec les chefs, prit leur tête et les
emmena jusqu'en Provence, en Languedoc et pour finir en Espagne
!
Là,
il manqua de chance et fut fait prisonnier par Pierre de Castille,
en lutte contre Henri de Trastamarre. Mais ce dernier ne savait
à quel hauteur fixer la rançon du héros français.
C'est donc le rançonné, Du Guesclin, qui la fixa
DE LUI-MÊME à une hauteur énorme, estimée,
nous fait-on ordinairement valoir, en proportion de sa vanité
!...
Voilà
une manière bien étrange de considérer un
personnage qui force l'admiration quant à son courage militaire
mais qui déçoit énormément sur le
plan humain par sa vanité incroyable ! Il ne m'était
pas vraiment sympathique depuis mon enfance à cause de
cela, jusqu'à ce qu'un passage d'un livre de Fabré-Palaprat,
auteur d'un "Manuel des chevaliers du Temple"
(et initiateur d'un ordre néo templier sous Napoléon)
fasse que, d'un coup, ma perspective a changé :
***
Ç a, c'était
la présentation habituelle des évènements...
Celle que les hagiographes attitrés des princes régnant
depuis cette époque nous ont léguée, c'est-à-dire
celle qui arrangeait leurs maîtres.
Voici la mienne ! Ce n'est qu'une hypothèse bien sûr
puisque les récits officiels ne la confirment pas et pour
cause... Pourtant...
On peut se poser des questions... Beaucoup de questions !... Car
ce comportement vaniteux ne "cadre" pas avec le personnage
ni avec ses actions. Et s'il y avait une autre explication ? Un
autre angle de vision ?
D'après Bernard
Fabré-Palaprat ("Manuel des chevaliers de l'Ordre du Temple",
et si on peut se fier à son tableau), Bertrand Du Guesclin
était LE Grand-Maître du Temple, Ordre subsistant clandestinement
en France un demi-siècle après son abolition officielle
par Philippe le Bel et Clément V (mais rétabli complètement
dès le pape suivant partout ailleurs). Cet Ordre du Temple
perdurait donc tout à fait ouvertement en Espagne et au Portugal
par exemple sous des noms voisins ou encore en Ecosse, en Italie,
en Autriche, etc...
S'il
est vrai que Du Guesclin fut le Maître du Temple, ça
signifie que les templiers avaient pris le parti français,
contre l'Anglais, dans cette "Guerre de cent ans". (De
nombreuses sources mentionnent cette possibilité évoquée
également dans la tablée
15 sur Jeanne d'Arc). Dans cette hypothèse, les troupes
qui le suivaient étaient sans doute commandées par
des capitaines eux-mêmes souvent cadets de familles nobles
et probablement templiers ou sympathisants.
Or quand la compromission politique reprit le pas sur la lutte
contre l'Anglais et que le Connétable fut renvoyé
dans sa baronnie, ces troupes furent livrées à elles-mêmes,
leur Chef charismatique n'étant plus là... Peut-être
n'étaient elles pas d'accord avec la tournure politique
des choses ? En tous cas, elles se montraient parfaitement insensibles
aux ordonnances royales (1373 et 1374) !
Quand on demande à Bertrand de les chasser hors du royaume,
il ne les "chasse" pas ! Etrange !... Alors qu'il a
déjà été "victime d'un rançonnage"
(?) en 1360 de la part de ces "routiers", il négocie
avec les chefs et se met à leur tête pour les emmener
jusqu'en Espagne. En Espagne où, comme on vient de le voir,
les templiers vivaient au plein jour... N'y avait-il pas une connivence
cachée entre elles et Du Guesclin et n'est-ce pas proprement
incroyable autrement ?
Quels arguments employa-t-il pour parvenir à les raisonner
? Comment ces "Grandes Compagnies" tant redoutées
accèptèrent elles de suivre si docilement Du Guesclin
pour aller combattre avec lui en Espagne pour Henri de Trastamarre
contre Pierre 1er (lequel avait passé une alliance avec le
"Prince Noir" d'Aquitaine (anglais) ? L'influence templière
est encore là, bien présente au XIVe siècle
!... N'aurait-ce point été là la véritable
raison de leur soumission sans combat à Bertrand ?
Quant à la
rançon fabuleuse énoncée par Bertrand lui-même
à son aimable géolier espagnol Pierre 1er le Cruel,
vue dans cette optique, il pourrait bien s'agir de toute autre
chose...
Comment un homme
connaissant aussi bien la terre et la pauvreté des provinces
de l'époque, les famines qui y régnaient régulièrement
depuis la disparition des domaines du Temple, comment aurait-il
pu exiger du royaume une somme aussi démesurée pour
satisfaire son orgueil ? N'est-ce pas là une chose qui
choque venant d'un tel héros ? Pourtant, c'est bien ce
qu'on explique à nos chères têtes blondes
des cours moyen 2e année, qui se forgent du coup une idée
très péjorative de notre héros national,
orgueilleux et vaniteux comme on n'imagine pas...
Le plus incohérent
dans ce raisonnement, c'est que le peuple cotise, se mobilise
pour payer la rançon du héros... Il n'aurait pas
fait ça pour son roi ! Encore moins pour un homme qu'il
n'aurait pas eu en grande estime. On est donc obligé de
se poser des questions...
Le peuple aurait-il tellement aimé un homme vaniteux et
orgueilleux ? Le peuple n'est pas fou. Les gens sentent ces choses
là, même sans rien comprendre à la politique,
et nos ancêtres n'étaient pas moins intelligents
que nous. Moins informés peut-être...
A moins que...
A moins que contrairement à la légende dorée
ce ne fut pas le peuple qui fournit les fonds ?... Ou pas QUE
le peuple ?... En tous cas, au moins la deuxième fois,
Du Guesclin paya officiellement de ses deniers en revendant pour
cela le Duché de Trastamarre que lui avait donné
Henri de Trastamarre, roi de Castille (lequel s'empressera de
le lui remplacer par la suite par celui de Molina)...
Etait-ce
donc vraiment une rançon ?... Supposons que ce soit autre
chose... Un transfert de fonds, oui ! Mais un transfert déguisé
sous le prétexte d'une rançon !... Une manière
habile, et bien dans la manière de l'homme extrêmement
rusé qu'il était, de transférer des fonds
vers l'Espagne sans éveiller l'attention sur la réelle
nature du transfert... Alors, l'hypothèse d'un "Du
Guesclin Grand-Maître du Temple" pourrait bien apporter
une toute autre explication !...
Le "Trésor du
Temple" serait-il en Espagne ou ailleurs sur le chemin, hors
de la France du XIVe siècle ?... Le Languedoc de cette
époque touchait à l'Aragon, dont le Roussillon et
la Catalogne dépendaient.
J.M.
Voilà un bon moment que ce site était en sommeil. Le revoili le revoilou en ligne ! Est-ce que les années comptent ? Bah ! l'histoire a tout son temps n'est-ce pas ? N'hésitez pas à relancer la discussion.
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