TABLE OUVERTE SUR

LA PAPAUTE

Table n° 06
Thème lancé par Jacky Minier


INTRO

Là, je risque de me faire allumer si je dis tout le bien que j'en pense !... Mais bon !... Il n'y a pas eu que des "Borgia", et à bien considérer la chose, c'est même la seule époque où il y ait eu une Papesse !...

Nous ne parlerons pas ici des papes modernes, encore moins de l'actuel. Ceci est une table de discussion Historique portant sur l'institution pontificale depuis ses origines, et ce brave JPII n'est pas si vieux !. Je formule sincèrement le voeu qu'il reste fidèle au poste le plus longtemps possible, d'ailleurs, car si l'on en croit les prophéties de Malachie, il ne resterait plus qu'un Monseigneur Lustiger à élire, et puis, pftt ! finie la grande maison du porte-clefs...

Je blague, non ?... Allez savoir !... Quelqu'un a-t-il quelque chose à dire là-dessus sur un ton plus grave ? A vous de jouer...    

Rectification à la remise en ligne : Ce site et son "intro" datent de 1997.
Quelques années plus tard, ce cher JPII est parti rejoindre son créateur. Mort en odeur de sainteté, voilà que déjà, quelques mois plus tard, certains miracles lui sont attribués. (L'église a besoin de miracles afin qu'on puisse béatifier et vénérer un saint homme) Mais qu'est-ce vraiment qu'un "saint" ? Est-il vraiment utile de le vénérer ?... L'église semble bien pressée...
Un autre pape règne à sa place, un certain Benoît XVI, dont beaucoup craignent un durcissement du dogme tirant vers le faschisme. Qui vivra verra.


Message reçu le 18 Dec 1998 14:52 de:
yasikan@wanadoo.fr

Bonjour Jacky,

Je viens, pour la première fois, de faire un tour sur tes tablées. Je suis surpris du peu d’empressement dont font montre les internautes pour faire connaître leur avis sur les thèmes proposés, a fortiori sur ceux qu’ils pourraient eux-mêmes proposer.

Bon, devant cette débauche de sujets, je choisis au hasard... hm... pic et pic et col... tiens.... La Papauté ! Ah, le beau thème que voilà. Que ne nous dis-tu pas tout ce que tu en penses ! Quant à moi, je vais me gêner ! Et tant qu’à faire, entrons dans ce sujet (si j’ose dire...) par un bout méconnu mais qui n’en est pas point fort intéressant, peut-être même le plus intéressant de tous : le thème récurrent de l’église cachée (et donc d’une lignée de papes parallèle à celle de Rome) liée au schisme de 1378. Voyons plutôt :

« Tout part d'une élection cachée : celle du pape Benoît XIII. [...] Imaginez : nous sommes à Rome, le 27 mars 1378. La ville est rongée par la violence. Le pape Grégoire XI rend son âme à Dieu. Le 6 avril s'ouvre le conclave. Parmi tous les prétendants à la succession, le cardinal aragonais Pedro de Luna semble faire l'unanimité. C'était sans compter avec les bandes armées qui tiennent le pavé et ont force de loi. Après une nuit de terreur provoquée par des hordes qui menacent d'assassiner les prélats s'ils n'élisent pas un pape romain - ou tout au moins italien -, les cardinaux finissent par céder à la pression de la rue et font pape l'archevêque de Bari. Mal leur en prend. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un fou doublé d'un alcoolique atrabilaire. Celui-ci ne tardera pas à montrer son vrai visage. En peu de temps, Urbain VI - c'est le nom qu'il s'est donné - voit ses partisans se réduire comme une peau de chagrin. Victimes de sa tyrannie, les cardinaux - qui n'ignorent pas que son élection est nulle car entachée d'impressio - provoquent un nouveau conclave. Le 20 septembre 1378, ils élisent Robert de Genève qui devient pape en prenant le nom de Clément VII. Celui-ci s'installe en Avignon. Réaction immédiate et prévisible : l'Europe se divise en deux camps, chacun prenant parti pour l'un ou l'autre pape en fonction de ses seuls intérêts politiques. Alors qu'à Rome, Urbain VI continue à faire le vide autour de lui, en Avignon, Clément VII exerce avec sagesse son ministère. Pierre de Lune finira par lui succéder en prenant le nom de Benoît XIII. C'est à partir de là, et suite à de nombreuses vicissitudes qui obligeront Benoît XIII à se retrancher dans la citadelle de Peñiscola, que devait commencer la vie cachée de cette Sainte Église [...] »

J'ai extrait ce passage du « Porteur de Lumière » de Gérard Bavoux. Un livre qui a, entre autres mérites, celui de bien planter le décor en synthétisant les événements qui, dans cette deuxième moitié du 14e siècle, préludèrent à la genèse de ce qui allait devenir une authentique église de l'ombre : la Sainte Église. Afin de bien saisir l'importance de cet événement, il faut savoir :

1°/ qu'en ce qui concerne l'élection des souverains pontifes, le Droit canon est on ne peut plus clair : l'élection d'un pape est nulle dès lors qu'elle est acquise sous la pression. Ce qui dans le cas de l'élection d'Urbain VI est notoire.

2°/ que ceux qui soutenaient ce deuxième pape (le seul véritablement élu en conformité avec le Droit canon) ont donc, de fait, donné naissance à une authentique deuxième église, celle qui est censée (selon eux) être seule dépositaire du « Dépôt de Pierre ». On connaît d’ailleurs les noms des acteurs qui composent le début de cette succession apostolique.

Après Robert de Genève (Clément VII) vient donc Pedro de Luna (Benoît XIII) qui nomme cardinaux en novembre 1422 : Jean Carrier, Julian de Loba, Jimeno Dahé et Dominique de Bonnefoi. Ces trois derniers cardinaux trahissent et élisent pape Gil Sanchez de Munos (Clément VIII) lequel abdique tandis les trois cardinaux félons se rallient à Martin V (pape romain).

Jean Carrier apprend avec colère la trahison et la simonie des cardinaux. Pour lui, il reste donc seul cardinal « authentique ». En foi de quoi, et comme le Droit canon l’y autorise, il se constitue à lui seul conclave légitime et procède en 1425 à l’élection de Bernard Garnier, prêtre français du diocèse de Rodez, lequel prend le nom de Benoît XIV. Persécutés et traqués, les deux hommes se cachent dans le centre de la France. Benoît XIV meurt quatre ans plus tard non sans avoir nommé quatre cardinaux (dont l’un se nommait Jean Farald) lesquels élisent pape Jean Carrier (Benoît XIV) en 1430. Jean Carrier nomme cardinaux : Pierre Trahinier (cardinal de Bethléem), Bernard (cardinal d’Hébron), Pierre Tifane (cardinal de Tibériade), Jean (cardinal de Gibelet), « X » (Cardinal de Iona) et Jacques (cardinal de Césarée).

Ces cardinaux élisent pape Pierre Tifane (Benoît XV) en 1437 et Jean Langlade (Benoît XVI) en 1470. C’est à partir de là que devait commencer la vie secrète de cette église.

Ce qui est pour le moins extraordinaire c’est qu’effectivement, rien ne permet de dire que cette invisible lignée s’est arrêtée, même si a contrario, rien – hormis une littérature à forte couleur romanesque – ne permet d'affirmer qu’elle a perduré et perdure toujours.

Très peu d'auteurs ont abordé ce sujet passionnant. En dehors de Gérard Bavoux dont je parle plus haut, on peut également citer Paul Arnold et son roman "Une larme pour tous", et puis, plus récemment, Jean Raspail dans "L’anneau du pêcheur", un ouvrage qui valut à son auteur d’être convoqué à l’hôtel Matignon pour expliquer à son locataire de l’époque (Baladur) pourquoi les autorités ecclésiastiques semblaient avoir de bonnes raisons de s’émouvoir de son récit. Voilà qui ne manqua pas de relancer la polémique car si pour l’histoire le Grand Schisme d’Occident prend fin avec l’abdication de Clément VIII, la succession de Pierre de Lune semble bien avoir été assurée...

Alors, amis internautes, si vous avez de bonnes raisons de croire à l’existence de cette église de l’ombre, faites-les nous partager !

Allez savoir, le vrai pape actuel... c’est peut-être votre plombier !

Yasikan Daborah


Merci Yasikan !

Eh bien dis-moi... on en apprend de belles avec toi ! Ainsi, il y aurait une Eglise cachée derrière l'Eglise ? A qui se fier ?!...


Reçu le 19 Jan 1999 07:48 de hiram31tlse@infonie.fr

Bonjour,

Je complète ce qu'a admirablement synthétisé Yasikan, à partir du livre de Bavoux, en ayant donc présent à l'esprit le genre littéraire du livre précité : un roman historique.
D'après Bavoux si l'élection de Pie X (monseigneur SARTO) en 1903 fut si pénible c'est parce que "cinq ans avant qu'il ne devienne le nouveau Vicaire du Fils de Dieu, Monseigneur Sarto, avait déjà été élu pape de la Sainte Eglise".

En fait il semblerait, à la lecture de ce livre que les membres de la Sainte Eglise soient aussi membres de l'Eglise officielle. Exit donc le plombier mais du rififi dans la plomberie !

Michel GARRIGUES hiram31tlse@infonie.fr


(NDW) C'est grave cette appellation de "Sainte-Eglise" pour différencier l'Eglise secrète de l'Eglise tout court. Ca laisse entendre que l'officielle ne mériterait pas ce qualificatif !. Et puis... DEUX PAPES ! Mon Dieu !... ;-) Et quel rôle joue le Général des Jésuites ? Jusqu'où va-t-on aller ainsi ? On va s'y perdre dans cette galaxie ! Ne se trouvera-t-il pas un providentiel Homme de Dieu pour nous expliquer tout ça plus avant ?

Voilà un bon moment que ce site était en sommeil. Le revoili le revoilou en ligne ! Est-ce que les années comptent ? Bah ! l'histoire a tout son temps n'est-ce pas ? N'hésitez pas à relancer la discussion.


Reçu le 23 Mars 2006 16:39 de : rd (adresse confidentielle)

Je ne me retrouve plus dans les papes Benoit XIII (qui sont plusieurs à porter le même nom) l'actuel serait-il le successeur du pape avignonais ? Il est vrai qu'il était président du tribunal  de l'inquisition (qui existe toujours-puisque un pape ne se trompe pas !) avant son élection !! Bien à vous


Reçu le 11 Avril 2006 01:30 de : (adresse confidentielle)

Le pape actuel n'est pas le successeur des papes avignonnais, mais le successeur de MARTIN V, lequel avait été élu, précisément (et après, du reste, plusieurs tentatives infructueuses) pour mettre un terme au Grand Schisme d'Occident après l'abdication de Clément VIII, dernier pape "avignonais", élu en 1423 à la mort de Benoit XIII (l'aragonais Pedro de Luna) par trois des quatre cardinaux créés par ce dernier (ces trois cardinaux sont : Julian de Loba, Jimeno Dahé et Dominique de Bonnefoi). Clément VIII et ses cardinaux électeurs se rallieront à Martin V : fin du Schisme.

Toutefois, le quatrième cardinal créé par Benoit XIII, Jean Carrier, refusera l'élection de Clément VIII à laquelle, du reste, il n'avait pas pris part.
Il nommera donc à lui seul un pape concurrent tant du pape "officiel" (Martin V) que de l'"avignonnais" (Clément VIII) : Benoît XIV, en la personne de Bernard Garnier.
Pour compliquer encore les choses, Jean Carrier sera lui-même élu pape (par le cardinal Jean Faral, créé par Benoît XIV) à la mort de ce Benoît XIV qu'il avait élu à lui seul en 1423. Il prendra alors le nom de... Benoît XIV, le même que son prédécesseur !

Ces faits sont historiquement avérés (avec cette réserve, cependant, que l'élection de Jean Carrier n'est pas - sauf erreur de ma part - attestée par des documents officiels... ou, même non officiels, qui nous seraient parvenus).
En revanche, la succession de ce second Benoît XIV, si elle est bien entendu plausible, voire probable, ne peut que faire l'objet de conjectures. Il en est ainsi, par exemple, de l'ouvrage de Jean Raspail, par ailleurs excellent.


Reçu le 06 Mai 2006 01:30 de : (adresse confidentielle)

D'étranges histoires...

Ne trouvez vous pas curieux que les "anti cardinaux" nommés par le dernier antipape à peu près certifié, Jean carrier, portent les noms de : cardinal de thibériade, cardinal de bethléem, cardinal d'hébron... etc. ?
Personne ne se pose la question ?
Ce sont pourtant des noms très évocateurs d'une culture plus hébraïque que catholique...
En fin de moyen âge c'était pour le moins curieux, c'était même tout à fait étrange et même dangereux ! Peut-être pas si étrange que cela justement. Certainement dangereux dans le contexte de l'époque, mais il y a peut-être une explication qu'il faudrait développer.

Il se trouve qu'à proximité du château de Tourène où s'était réfugié la cour anti-papale de jean carrier, un groupe "d'étrangers" - on va dire d'immigrés pour faire moderne - s'est installé durablement aproximativement dans la même période. Et ce groupe a tellement impressionné la tradition populaire locale que jusqu'au 19eme siècle (oui, 19 eme siècle !) les habitants du village en question étaient qualifiés "d'arabes" par les habitants des autres villages alentour... Mais pourquoi ?

L'explication résulte de l'analyse d'un faisceau d'indices : Des arabes d'Espagne qui seraient remontés jusque là ? C'est douteux. En 1350 environ, il n'y avait pas beaucoup de raisons. En revanche, qu'une communauté juive (ou au moins quelques familles persécutées en ESPAGNE -déjà-) ait cherché une protection ou un refuge dans l'entourage d'un pape - même un anti-pape ! - Pourquoi pas ? Après tout, cette mouvance anti-pape venait aussi d'ESPAGNE puisque BENOIT XIII s'était réfugié à Peniscola. De plus cette région du Sud ROUERGUE, de par son isolement, a toujours servi de refuge à tous les réfugiés des persécutions jusqu'à une époque récente.
Il y a donc tout lieu de penser que dans l'isolement où se sont retrouvés ces bannis de la culture dominante, des échanges culturels se sont produits.
Une "église" dissidente qui recherchait une pureté originelle, une communauté juive qui disposait probablement d'une culture structurée... et l'amalgame pouvait rapidement prendre corps.
Alors pourquoi "les arabes" ? Il n'y a pas à chercher bien loin. Une population étrangère, des traditions culinaires différentes, des vêtements différents, un langage exotique au beau milieu d'une population très isolée, inculte, très primitive, comment qualifier ces étrangers ?... Ce sont des "maures" bien entendu...
Il ne pouvait en être autrement. Il y a même tout lieu de penser que les poursuites et les persécutions qui ont finalement abouti à la disparition brutale et définitive de la "petite église du Viaur" ont eu aussi pour motivation l'élimination rapide et aussi complète que possible des étrangers qui avaient trouvé là un refuge.
Le pouvoir officiel, l'église officielle, la culture dominante ne devait pas voir d'un oeil très complaisant ces dérives contraires à la doctrine officielle... Seules quelques bribes, quelques légendes, quelques histoires ont subsisté... Reste à trouver quelques indices matériels, pourquoi pas ?... Mais il y a bien longtemps ! Le château de Tourène a été entièrement démoli, rasé, et les pierres ont même été transportées plus loin ! Il ne reste plus rien... qu'une atmosphère magique, subtile, qu'il faut ressentir en ces lieux en empruntant des chemins qui sont devenus imperceptibles et confidentiels dans les ravins du Viaur.

Le rêveur du Chateau de Tourène.


Reçu de Lilian (adresse confidentielle) le 06/12/2006 22:00

Al somiaire del castel de Torena...

Les gorges du Viaur ne sont pas situées au sud mais à l'ouest du Rouergue ! De plus, le village dont on appelle (encore) ses habitants "les arabes", c'est à dire Centrès, est un peu plus éloigné du château de Benoît qu'une localité comme Pampelonne par exemple. Toutefois votre tentative d'explication demeure intéressante, sinon convaincante. Quant aux noms des cardinaux ordonnés par Jean Carrier, leur consonnance hébraïque n'a rien d'étonnant. Ils désigaient seulement d'anciens évéchés de Terre Sainte, en des lieux que l'on trouve mentionnés dans l'ancien et le nouveau testament.
Si la postérité de Benoît vous intéresse particulièrement, vous pouvez commencer par venir vous promener au hameau de Glèisa Vielha, à côté de Crespin. Un nom qui en occitan signifie : la Vieille Eglise. Cela parle tout seul...



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